
C'EST FINI!!!!!!!
Malheureusement, les parfaits inconnus ne se réunissent plus depuis novembre 2018. Mais cette aventure, qui aura duré presque dix ans, a été si belle que je laisse ici toute l'information, au cas où ça pourrait inspirer quelqu'un!
Heureusement, les Parfaits inconnus encore d'attaque sont invités aux rencontres des Perfectos desconocidos
(les parfaits inconnus en espagnol) qui se font le deuxième mardi du mois à la bibliothèque Monique-Corriveau,
de Sainte-Foy. Ces rencontres-là sont bilingues.

QUAND?
Chaque premier mardi du mois à 19h00
OÙ?
L'atelier du peintre Gérard Boulanger
1415, rue Provancher, Cap-Rouge (Québec)
ET ENCORE?
vous m'écrivez à
Des inconnus qui s'assument parfaitement
Le premier mardi de chaque mois, un petit groupe de gens qui ne sont ni écrivains ni vedettes se rencontrent pour présenter des textes et des chansons de leur cru dans le décor inspirant d'un atelier d'artiste. Les Parfaits inconnus, c'est ça.
Les mots d'ordre sont: écoute et respect, c'est tout. On n'évalue personne et chacun a sa place. Tous les types de textes aussi, à condition de respecter la limite de temps et que la prestation ne soit pas amplifiée.
Il s'agit donc de chansons, de poèmes, d'extraits de pièces de théâtre, d'essais, d'extraits de romans, de contes, de biographies ou de nouvelles.
On ne lit ou chante que ce qu'on a écrit soi-même (ou un de nos proches aussi parfait inconnu que nous) et on ne fait ni publicité ni vente.
Ça donne a chaque fois un moment magique, comme en dehors du temps, où chacun peut s'exprimer sans être jugé et où on sent qu'il y a enfin une vraie communication. Ce n'est ni une messe ni un concours de grande littérature. On rit beaucoup et on est souvent émus. Certains se découvrent des talents d'humoristes, d'autres nous racontent leurs drames ou nous emmènent dans un monde imaginaire. Bref, c'est très varié et jamais ennuyant pour ceux qui aiment écouter.
Au début de la soirée on distribue au hasard les numéros qui correspondent à l'ordre de présentation. Chacun dispose de 5 à 10 minutes, selon le nombre de participants. L'ensemble dure une heure et demie environ.
Nous ne sommes pas ici pour faire avancer l'art
Nous ne sommes pas ici pour flatter nos égos
Nous sommes là pour nous rapprocher
Le monologue qu'on garde dans son tiroir
Est comme un professeur sans élève
Alors partageons-le
C'est la seule façon d'être ensemble
Quand on écrit seul le monologue de soi
On ouvre les portes les plus discrètes
On prend dans sa main l'objet qu'on avait oublié
Et on le regarde, intrigué
On retrouve alors une personne qui a été nous
Et qui ne l'est plus
Ou qui l'est encore on ne le sait pas
Mais c'est cette question-là qui nous modèle
C'est cette question-là que nous allons poser ce soir
La seule façon d'être ensemble
C'est s'écouter soi-même pour ensuite s'offrir
Ne pas se contenter du cadeau prévisible dans son papier de soie
Ne pas se contenter d'envelopper le silence de phrases rassurantes
Comme on le fait dans un café
Il faut écrire pour soi
Seul
Sans tenir compte de personne
Et avoir la générosité de se lire aux autres
Ce que tu dis de toi m'aide à me dire moi-même


Plus le terrain sur lequel vous avez bâti votre maison est grand
Plus il y a de clôture et plus les autres sont loin
Alors restons petits
À l'abri des projecteurs
Ce soir chacun de nous passera beaucoup plus de temps à écouter qu'à dire
Et nous n'écoutons pas par gentillesse ni par mode
Ni même pour faire partie d'un groupe
Chaque parfait inconnu a son nom
Sa propre raison de venir
Son propre bonheur d'être là
Il n'y a pas de groupe
Il n'y a qu'une rencontre
Chacun écoute parce qu'il sait que la question de l'autre
Est sa réponse à lui
Qu'en se penchant sur l'autre il se redresse
Qu'en fouillant l'autre il se trouve
Ce soir chacun d'entre nous passera plus de temps à écouter qu'à dire
Comme nous le faisons chaque mois
C'est notre crédo
Notre salut
Qui ne passe pas par un dieu unique
Mais par chacun de nous
Ce que vous allez entendre est notre corps et notre sang
Le sursaut de nos vies
Qui refusent d'être écartelées.
La fin de l'histoire
par Emilia Deffis, lu à la rencontre du 2 décembre 2014
Cette année arrivent à la fin plusieurs histoires qui m'entourent. En même temps la planète se réchauffe et les liens sociaux se dégradent à petit feu sous la fausse sensation de la participation citoyenne offerte, entre autres, par les réseaux sociaux.
Il y a des mots qui disparaissent doucement de mon parler quotidien: maman, initiatives nouvelles au bureau, sauver du temps. Je vieillis, c'est évident. Peu importe.
Cependant, le fait d'être ici avec vous installe dans mes jours, sans aucune crainte (sauf celle d'être trop évidente ou de manquer de finesse), un espace de répit où tout devient joyeusement inutile. Donc vous me voyez à l'instant faire l'éloge de ce surplus de temps perdu que nous chérissons tant de nos rencontres.
La fin de l'histoire dira que quelque part, un peu partout dans le monde, il resta de petits groupes de personnes parfaitement inconnues qui, voulant respirer encore dans la joie sans fin, écrivent, chantent et lisent.
La fin de l'histoire dira que, autant que possible, nous reviendrons au refuge du peintre généreux, à côté du majestueux Saint-Laurent, pour vivre inutilement ce moment d'empathie avec nous-mêmes et, surtout, avec les autres.
Longue vie à vous, les Parfaits inconnus, car vos mots font briller la lumière dans la noirceur.
